29 octobre 2019

La Tech4Good, ce hashtag qu’on voit partout

Depuis quelque temps maintenant, suite à la prise de conscience collective autour du développement durable et aux impacts négatifs que peuvent générer l’innovation et le digital, on voit apparaître le terme Tech4good. En effet, ce concept se développe de plus en plus dans le milieu de la startup notamment mais est également soutenu par nos politiciens. Cet article a pour objectif de peindre un portrait rapide de ce concept en pleine expansion.

Qu’est ce que la Tech4Good ?

Notre société connaît régulièrement des changements surtout depuis le début de l’ère du numérique. Petit à petit nous prenons conscience des effets que cette révolution peut avoir au niveau économique, sociétal et environnemental. Cette prise de conscience est un nouveau tournant dans l’industrie de l’innovation laissant place à l’envie d’innover pour le bien commun. Comme le suggère Clément Bastide, fondateur de l’agence digitale OutRun, la Tech4good introduit les notions de bienveillance et de durabilité dans l’innovation.

“Pour moi, la Tech for Good désigne l’idée de passer de l’innovation au progrès. On imagine des concepts basés sur des idées qui pourrait nous aider à mieux vivre, car elles ont un impact direct sur l’individu et la société. Aujourd’hui, la technologie nous permet de répondre à des enjeux qui nous dépassaient il y a quelques années, mais pose également de nombreuses questions auxquelles il est important de répondre. Par exemple, comment instaurer ces mesures dans les mœurs sans bouleverser un mode de fonctionnement déjà établi ?” - Clément Bastide, Comprendre la Tech for Good en 3 questions, culture-formations.fr, mai 2019

#HealthTech - La startup française “Pixee Medical a mis au point un dispositif qui vise à appliquer la réalité augmentée à la chirurgie du genou puis de l'épaule, en guidant le praticien grâce à des lunettes connectées, à la façon d'un GPS.” voir l’article des Echos.

En effet, si l’on prend l’exemple des réseaux sociaux comme Facebook, ils ont été populaires très vites. Peu d’entre nous aurait pu prévoir les impacts que cela a pu avoir sur nos vies. En s’imposant, les réseaux sociaux ont changé notre quotidien et ont participé au  façonnage de nouvelles problématiques sociétales : l’expansion du cyber harcèlement, le body shaming, la sur-médiatisation, l'instantanéité, l’apparition de nouveaux métiers, entre autres.

Vous l’aurez compris, la Tech4good souhaite anticiper ces impacts - surtout négatifs - tout en continuant à améliorer nos vies quotidiennes. Par soucis d’inclusion et de bienveillance, elle s’intéresse à des sujets peu mis en lumière jusqu’ici et de nouveaux sous-mouvements font leur apparition :

  • La Tech 4 climate change ou la GreenTech qui propose des solutions aux problématiques liées au réchauffement climatique;
  • La Health Tech ou la Tech4health qui permet de rendre accessible les prothèses grâce à l’impression 3D ;
  • La CivicTech et HandiTech traitant tous deux de l’inclusivité sociale et citoyenne ;
  • l’EdTech ou la Tech4Education avec par exemple la VR comme nouvel outil pédagogique.

Ainsi, des industries traditionnelles sont en plein changement.

#EdTech -Lalilo est une application web construite avec les professeurs des écoles et pour les professeurs et leurs élèves. Elle permet un suivi en classe et à la maison.”

Un mouvement global

Il est certain que ces questions autour de l’impact positif que peut avoir la Tech sur la société sont maintenant au coeur des débats. Il semblerait qu’il y a un réel désir d’innover pour la société et non plus seulement pour la technologie comme on a pu le voir lors de VivaTech en début d’année. En effet, tout au long de ces 3 jours de salons ont eu lieu des conférences autour de cette thématique afin de sensibiliser les gens. On y voit une réelle opportunité : la 4ème Révolution Industrielle, l’Industrie 4.0, au service de l’Humain. Cet essor autour de la Tech4Good sollicite également l’intérêt de financement conséquent et l’appuie de grands groupes. En effet, selon l’étude de Tech In France et PwC France et Afrique francophone, voici quelques chiffres clés qui représentent la Tech4Good :

  • Sur 120 entreprises retenues par l’étude, plus de 50% ont eu une levée de fond d’au moins 1 million d’euros.
  • Près de ⅔ des entreprises dans la Tech4Climate ont levé plus d’1 million d’euros.
  • 7% des 120 entreprises ont levé plus de 10 millions d’euros.

A cet engouement économique s’ajoute un appui de la part de la société civile avec des initiatives associatives et un fort soutien de la part du gouvernement.

#HandiTech - Wheeliz, la location entre particuliers de véhicules aménagés. Voir d’autres startups françaises issues de la HandiTech.

Qu’en disent les gouvernements ?

Depuis quelques années maintenant, on voit de plus en plus de politiciens s’intéresser à l’innovation technologique. En effet, cette évolution technologique constante soulève de nouvelles problématiques de gouvernance notamment en ce qui concerne la gestion de la Data, la dématérialisation des Services Publics, de nouveaux modes de transports, la transformation des villes, etc. Les gouvernements doivent donc s’adapter et développer de nouvelles protections citoyennes. Les politiciens ont non seulement un devoir de protection envers les citoyens mais aussi envers la planète tout en développant économiquement le pays.

C’est ce qu’ont mis en avant les évènements successifs de ce milieu d’année 2019 :

  • Le 2ème Sommet de la Tech4Good eu lieu le 15 mai dernier à l’Élysée. Son objectif fut de réfléchir avec des acteurs de l’innovation, au développement technologique pour un impact positif sur la société. Cette année 5 ateliers étaient au programme : l’accès à l’éducation; la diversité, le travail, l’inclusion sociale et la protection de l'environnement. 
  • L’engagement de chef d’Etat, le même jour que le sommet, de dirigeants d’entreprises  via “L’appel de Christchurch” pour lutter contre le terrorisme et l’extrémisme en ligne.
  • VivaTech 2019 durant lequel la sécurité digitale fut au centre des des priorités politiques. En effet, Justin Trudeau, premier ministre Canadien, a insisté sur l’importance de l’implication des gouvernements dans l’innovation et dans cette 4ème révolution industrielle que nous traversons : “hate and extremism are thriving online” ( "La haine et l'extrémisme prospèrent en ligne"). Comme nous l’ont montré les élections américaines, le Facebook Data Leak, la diffusion live de attentats de Christchurch ou encore la propagation en masse des fake news, la sécurité en ligne est plus que jamais incertaine. 

#GreenTech - Chouette, la startup qui permet aux viticulteurs de surveiller leurs vignes à l’aide de drones. Découvrir d’autres startup de la GreenTech.

La succession du Sommet pour la Tech4Good, “L’appel de Christchurch”, puis de Vivatech 2019 lance un message pour que les acteurs de l’innovation, de la startup au gouvernement, se rassemblent pour avancer ensemble pour une société plus sûr, plus équitable et plus saine. Quel cela soit un coup de com’ ou une mise en action sincère, cela est un autre débat.

Que penser de tout ça ?

Effectivement, tout cela est bien but what next ? On va se heurter inévitablement aux GAFA dont l’influence sur le monde économique est telle qu’on en peut pas les ignorer et encore moins ne pas les inclure dans la démarche. Le projet réel perd de sa valeur, de son impact. Les sanctionner c’est aussi se punir économiquement mais aussi culturellement puisqu’ils sont ancrés dans nos moeurs. Qui ne publie pas ses vacances sur les réseaux sociaux ? Qui ne communique pas à distance via Whatsapp ? Qui ne cherche pas à limiter ses coûts au quotidien tout en gardant un confort et une liberté de mouvements ? Dans le même genre, le Sommet de la Tech4Good fut peu médiatisée mais y été présents le PDG de Twitter notamment ou encore des représentants de Delivroo. Super qu’ils soient présents mais eux aussi ont beaucoup à faire pourrait-on dire. Bref, la controverse sera toujours là.

Pour conclure, la Tech4good ce n’est pas qu’un coup de pub en investissant dans des produits pour la conscience des consommateurs mais aussi un état d’esprit et une attitude éthique dans sa globalité (interne et externe). Les investissements semblent aller vers des innovations plus bienveillantes, la technologie et le développement durable ne sont plus vus comme des adversaires. Peut-on penser que cette Tech4Good est la réponse à la crise mondiale et sociale que nous traversons ? ou est-ce un nouveau genre de green washing ?



Amandine Guegano —  UX & Service Designer @ Use Design, une agence de design à Paris qui donne vie à des stratégies, des produits digitaux et des services innovants.
Crédits : Jeremy Lanfranchi - Power Tree Singapore

2 septembre 2019

L’ère des drones a (officiellement) commencé – partie 1

En 2015, un article dans The Economist nous souhaitait la bienvenue dans la nouvelle ère des drones... Ce titre a raisonné à nouveau pour moi cet été, grâce à la curiosité (un peu inquiète) de ma jeune fille : “Papa, c’est quoi le truc qui vole devant nous ?”
Nous étions en effet en famille à Florence, sur la place Michel-Ange à admirer la vue sur cette ville magnifique, lorsqu’un drone s’est approché de nous.

Et derrière sa question, je me suis rendu compte que malgré mon assurance de façade (un drone de loisir, de passionné de photo, de la police, de quelqu’un de mal intentionné ?), j’étais dans l'incapacité de l’assurer véritablement des fonctions et intentions de cet objet.

En effet, contrairement à notre jeu habituel avec elle et son petit frère, “regarde le camion de pompier et sa grande échelle, le tracteur rouge comme Tonton, le TGV qui passe au loin, l’avion qui décolle pour une destination à deviner, la voiture électrique qu’on entend presque pas…”, ici je ne savais que dire, et prenais donc conscience qu’elle et moi étions bien en présence d’une nouvelle ère d’Objet Volant Non encore Identifié (OVNeI).

Que veut donc dire cette nouvelle ère pour nous autres humains, observateurs et spectateurs de ce nouveau ballet volant ? Comment allons-nous développer nos codes d’identifications pour apprendre à reconnaître ces nouveaux objets, et vivre avec ? Et comment les industriels peuvent-ils et doivent-ils nous y aider ?

Dans cet article, je vous propose de continuer cette réflexion sur l’identification de ces nouveaux objets volants, dans une première partie côté grand public, puis dans une seconde côté professionnels de la gestion du trafic aérien.

Partie 1 - Les drones au quotidien, une histoire d’évolution darwinienne ?

Imaginez-vous dans une jungle il y a 350 millions d’années, dans la peau d’un amphibien…
Je sais cela demande un gros effort de projection 😉 Vous avez évolué - votre espèce - durant des millions d’années et acquis tout ce qu’il vous fallait pour comprendre votre environnement et reconnaître vos congénères et autres espèces, amis ou ennemis. 

Et puis un jour (ou presque) - il y environ 250 millions d’années - les dinosaures ont débarqués !
Vous avez donc dû tout réapprendre : reconnaître leurs différences, leurs comportements, qui étaient les espèces amies (herbivores sympas, mais si gigantesques), et surtout les ennemis, les (très) méchants prédateurs au dents acérées, prêts à vous dévorer en une seule bouchée.

Ce petit brin d’histoire à la Jurassic Park, est malheureusement une réalité d’aujourd’hui : nous humains sommes confrontés à une nouvelle espèce, les drones !!!
Ces nouveaux OVNeI sont parmi nous et nous allons devoir apprendre à les reconnaître pour mieux vivre avec.

Par exemple, dans (presque ?) toutes les villes du monde, être piéton s’avère souvent une expérience ardue tel ce fragile animal dans la jungle entouré de prédateurs. Ces prédateurs ce sont tous les véhicules roulants qui ne sont pas nos égaux en taille, poids et vitesse de déplacement.

Avec le temps, notre temps au travers de notre expérience vécue, et le temps de l’humanité via ce que l’on nous enseigne et recommande, nous savons tous désormais reconnaître chacune de ces typologies de véhicules, de la trottinette au vélo, du scooter à la moto, de la petite voiture au gros 4x4, de la camionnette au camion, de l’ambulance à la voiture de police…

Tous nos sens concourent à cette reconnaissance immédiate qui va nous faire ressentir en sécurité ou en danger. Et ce sont surtout la vue et l’ouïe qui sont mis à contribution :
. par la vue nous savons reconnaître et distinguer les formes, tailles et signifiants visuels de ces véhicules (couleur, signalétique, lumières) ainsi que leur comportement (vitesse, déplacement),
. par l’ouïe, nous augmentons cette reconnaissance de distinction (le bruit du moteur d’une moto n’est pas le même que celui d’une voiture ou d’un camion ; la sirène des pompiers est différente de la sirène d’une ambulance ou de la police…) et de comportement (on reconnaît à la puissance sonore du moteur d’un véhicule s’il accélère ou freine, on entend les pneus crisser lors d’un freinage brusque,…).

Ainsi nous pouvons, en toute maîtrise, adapter nos comportements. Tout « utilisateur » de la ville et de son espace urbain sait de fait :
. traverser au bon moment quand les véhicules freinent au stop et n'accélèrent pas,
. appeler un taxi et non un camion de livraison,
. redoubler d’attention quand on entend une sirène de pompier/ambulance/police,
. monter dans le (bon) bus, et non dans un camion citerne,
. savoir en tant que cycliste, que même si l’on est prioritaire, on ne force pas la priorité devant un camion lancé à pleine vitesse...
Et des centaines d’autres exemples encore, fruit de plus de 100 ans d’évolution des automobiles dans nos vies. Voir des très récents comme la nécessité d’adapter nos comportements avec l’arrivée des trottinettes en libre service, par exemple pour les mals voyants

En dehors des villes et dans d’autres contrées, le stress que j’évoquais pour l’amphibien, est vécu depuis quelques années par les civils habitants dans les zones de conflit - voir ce sujet présenté via l’oeil d’une ONG, d’un philosophe de la guerre (sic), ou du très intéressant ouvrage d’un autre philosophe Grégoire Chamayou “Théorie du Drone” chez La Fabrique éditions -.

Terrés et terrifiés par ces guerres dont ils ne sont que victimes impuissantes, ils sont confrontés au quotidien à la peur des campagnes de surveillance et de bombardements de drones militaires. Ils tentent de s’adapter en devinant leur forme, leur comportement, leur pays d’origine… Mais la menace reste présente et ils continuent à vivre la peur au ventre.

Ce stress, ce danger permanent, n’est à souhaiter à personne, hors c’est désormais notre quotidien, et si l’on peut encore se sentir en sécurité à Florence, qu’en est-il ailleurs ?

Le temps n’est-il pas venu que les industriels fabricants de ces objets, fassent appel au designer pour qu’enfin ces objets soient IDENTIFIABLES ?
Que ce soient par leur affordance formelle, leur couleur, leur signalétique, les solutions sont infinies, pour que demain on puisse nommer la fonction et l’intention de ces objets.

Et donc dans mon exemple, que je puisse répondre à ma fille - voir idéalement qu’elle puisse elle-même y répondre - en reconnaissant dans ce drone :
. un drone de loisir d’un passionné de photos, voir d’un photographe professionnel, qui réalise des prise de vue,
. un drone de livraison (logistique), qui apporte au petit stand un nouveau stock d’objets pour touristes,
. un drone d’opérateur de voyage, qui s’approche d’un touriste pour l’informer que son bus va repartir,
. un drone des services de la ville, qui surveille la fréquentation de la place pour nourrir une base de donnée publique,
. un drone de la police, qui surveille les pickpocket dans ce lieu hautement touristique…

Pour conclure, et vous donner une idée de ce que l’on pourra bientôt vivre dans cette nouvelle ère des drones, voici un graphique très éloquent tiré d’un article sur Blomberg.com de fin 2018, exposant les projections d’Airbus sur le nombre d’appareils volants au dessus (dans) Paris en 2035 :

Oui, vous avez bien lu ! Airbus estime qu’en 2035 il y aura plus de 20 000 vols de drones par heure sur Paris (dont une grande majorité ayant trait à la logistique et la livraison) - contre presque rien actuellement.

Nous avons 15 ans pour nous y habituer...


Patrick Avril — PDG @ Use Design, une agence de design à Paris qui donne vie à des stratégies, des produits digitaux et des services innovants.

20 août 2019

Innovation digitale : les 5 révolutions du dossier Patient

UX Design & Santé : relancé en novembre 2018 par la Ministre de la Santé Agnès Buzyn, le Dossier Médical Partagé (DMP) fait partie de l'actualité de notre agence digitale cet été, en mettant en avant son succès... côté patient, et moindre côté professionnel de santé. 

Ce carnet de santé numérique représente un des volets du dossier Patient, utilisé de longue date aux formats papier ou numérique par les professionnels de santé. C’est le début d’une des révolutions de ce secteur, qui voit enfin proposé au Patient une visibilité importante sur son suivi médical. La visibilité revêtant de multiples objectifs et bénéfices pour tous les acteurs.

Mais pourquoi cela prend-il autant de temps ? 

Est-ce uniquement des raisons légales ou technologiques ? D’adoption au sens large ? 

Oui plus certainement, car cette (r)évolution prend du temps, et nos nombreuses collaborations dans le domaine de la santé depuis plus de 15 ans le démontrent.

Nous avons dégagé 5 thèmes qui vont vous faire mieux percevoir ce que ce dossier représente comme enjeux pour notre futur.
Chacun de ces thèmes se révele via un chiffre tiré de l’étude PwC Tech for good 2019 - Les chiffres clés de la Tech for Health.

Cet article vous est proposé par Use Design, une agence digitale à Paris spécialisée dans l'UX/UI design à destination des professionnels de la Santé.

 

LE RELATIONNEL


#relation miroir
#nouveaux rapports humains (patient/prof. santé)
#complexité des interactions humaines (entrées/sorties - émotions)
#le cercle familial plus que le patient

“3 médecins sur 4 estiment que la télémédecine fera partie de leur quotidien en 2030 (selon l’Assurance Maladie)”

A partir du moment où ce dossier patient n’est plus entre les seules mains d’un spécialiste ou professionnel de la santé, s’engage alors le besoin de partager le dossier pour en assurer son enrichissement, sa diffusion et son suivi.

D’une relation miroir 2 à 2 (médecin à patient, spécialiste à spécialiste), déjà une petite révolution en soi car nécessitant une bienveillance et des liens de communications forts, la révolution est désormais à plusieurs (plusieurs spécialistes en même temps, le patient et sa famille ou son accompagnant) en des lieux et des temporalité très différentes.

Ce relationnel se réinvente en permanence grâce aux outils à disposition qui ont pour avantages et objectifs de proposer de nouveaux rapports plus « humains » entre patient et professionnel. Rapports qui se diversifient également par l’ouverture à d’autres modalités médicales : en plus du triptyque diagnostic/soin/guérison, viennent en amont et en aval, l’éducation, l’information, l’accompagnement, le support, le suivi…

Découvrez notre article sur l’agence digitale et le designer au service de la santé.

La question à se poser est donc aussi de voir qui peut le mieux accompagner le patient ? La famille, les amis, les aidants, le pharmacien, l’employeur,... Et ainsi re-découvrir de nouveaux liens.

 

LA MATÉRIALITÉ


#expériences seamless pour tous les acteurs
#complexité des interactions physiques / digitales

“70 % des hôpitaux n’ont aucune traçabilité de leur suivi pré et post-opératoire (étude DGOS 2015)”

Sur ce besoin posé, qui ont le voit peut être multiple, on entrevoit grâce au numérique toutes les voix possibles pour sortir du dossier papier et le proposer en de multiples représentations qui devront être adaptées et optimisées pour chaque contexte.

Ici un portail patient pour un laboratoire d’analyse médicale, là une application de suivi pathologique via le conseil du Pharmacien, ou encore une app sur tablette pour le médecin en mobilité, ou une dalle tactile pour l’anesthésiste en bloc opératoire… tous ces dispositifs embarquent une partie du dossier patient pour en proposer les bonnes informations au bon moment.

L'enjeu n'est pas uniquement porté sur la création de nouveaux supports ou la performance technologique. Chaque jour, une nouvelle Start-up est à même de démontrer sa pertinence face à cela. Nous l'avons vu par notre vécu, l'enjeu majeur doit être la qualité de l'expérience de ces nouveaux produits ou services, pour ces différents profils d'utilisateurs.

Car eux, qu’ils soient patients ou professionnels de la santé, exigent une expérience « sans couture », qui leur apporte toute confiance dans cette qualité d’expérience, et de sécurité et confidentialité des informations.

 

 

LA TRANSVERSALITÉ


#scénarios innovants
#multiplicité des intervenants / dispositifs (responsive) / lieux
#cartographie des acteurs


“75% des salariés français attendent de leur employeur un suivi régulier de leur état de santé, et qu’il endosse un rôle de « coach » afin de les conseiller dans leur vie de tous les jours (source : étude Malakoff Médéric)”

Rares sont les innovations où l’on peut entrevoir autant de potentiels : d’un simple réceptacle d’informations, le champ des possibles s’ouvre sur les usages, les scénarios, les acteurs, les lieux, les dispositifs, les temporalités.

Cependant les exemples sont nombreux où ces composantes ne sont pas uniques, mais peuvent se recouvrer, s’entrechoquer : la télémédecine est un bon exemple puisque l’on peut multiplier les lieux (à distance) et le nombre de participants (même si un unique patient, les spécialistes dialoguent, se coordonnent et prennent des décisions/actions).

De nouveaux acteurs apparaissent, et adoptent le dossier patient : l’assureur qui souhaite avoir un regard sur l’état de santé de ses clients pour adapter son offre ; les pharmaciens qui se voient confier de nouveaux services de suivi et d’accompagnement par les instances ; les mutuelles de santé qui facilitent les échanges d’information sur les remboursements via la DSN…

Cette nouvelle cartographie est en devenir, toujours plus riche et plus complexe, où tout à terme devra converger.

 

LA RAPIDITÉ

#immédiateté de la relation
#simplicité attendue vs complexité procédures
#zéro temps de formation
#productivité

“70% des Français souhaitent prendre leurs rendez-vous médicaux et gérer leur dossier médical en ligne”

Face à cette complexité qui finalement est déjà présente, par exemple au sein des hôpitaux, l’enjeu d'une agence digitale spécialisée dans l'UX design est déjà de tenter de la rendre simple, à la fois pour les professionnels de la santé et les patients. Non pas qu’elle soit simpliste à traiter, bien au contraire, mais que les échanges et les usages via les dispositifs, soient intuitifs et arrangés aux bénéfices des utilisateurs.

Tout le monde souhaite l’efficience, la rapidité, l’immédiateté du service. Cependant, le personnel se réduit, sa formation initiale et surtout continue se réduisent comme peau de chagrin. Pas question de passer des heures à appréhender telle ou telle application ou nouveau matériel, rien ne doit freiner ou gêner les activités d’abord d’ordre médicale.

Dieter Rams qui a prôné le LESS IS MORE dans ses principes de design fondateurs, aurait certainement eu une belle réponse non seulement esthétique, mais au sens profond du terme (allier les qualités d’usage, d’esthétique et de marque), en proposant une lecture simple et belle en apparence.

 

L’INTELLIGENCE

#ai
#data


“50 % des patients interrogés seraient prêts à troquer leur médecin traitant contre des robots ou de l’IA”
Mais derrière l’apparente simplicité que l’on peut prôner pour répondre à ses besoins de rapidité, de transversalité, de matérialité et de relationnel, se cache la dernière révolution encore balbutiante : la data et l’intelligence artificielle.

La data d’abord, car c’est la richesse des GAFA d’aujourd’hui, et en toute évidence la richesse de toutes les données collectées au travers des millions de dossiers patients à venir.
Les dossiers alimentent cette immense bibliothèque de données avec toutes les caractéristiques que n’importe quel marketeur envierait : les profils, les services et produits utilisés, les réseaux de contacts, les lieux, les moments de vie…
Comment tirer un bénéfice (si possible pas uniquement commercial) de toute cette richesse d’information ?

L’AI en est un premier, dans le sens où via la richesse des données, on peut faire apprendre aux algorithmes à reconnaître des pathologies, via de l’analyse d’image, de données, de situations. Les premières solutions sont déjà là pour aider au diagnostic cardiologique, pour faciliter les diagnostics sur de l’imagerie, pour lancer des études de santé à grande échelle, pour que les laboratoires aient enfin accès à une multitude de cas qu’ils n’ont pas dans la majorité des études cliniques…

L’intelligence est bien cette dernière révolution. Dernière, car elle n’aurait pu émerger sans les bases du dossier Patient. Elle va ainsi se nourrir de ces champs fertiles de données à perte de vue, pour nous proposer mille usages et utilisations que nous espérons tous au bénéfices du plus grand nombre.


Patrick Avril — PDG @ Use Design, une agence de design à Paris qui donne vie à des stratégies, des produits digitaux et des services innovants.

Use.Design est une agence digitale basé à Paris mettant l'UX design au service de la Santé.

9 juillet 2019

Use design for Smart Cities

Il y a quelque temps maintenant avait lieu la “Masterclass : les grands enjeux de la #Smartcity” organisée par Station F à Paris. 

Je suis ressortie de cette masterclass dubitative… voici pourquoi.

Tout d’abord, j’ai été impressionnée par l’accélération du processus d’innovation dans ce domaine notamment dans la mobilité qui reste le pan de la Smart City le plus développé. À ma grande surprise, de plus en plus de startups se concentrent sur des innovations human friendly - l’innovation au service de l’humain. J’ai notamment en tête Streetco qui propose des itinéraires adaptés aux personnes à mobilités réduites - un réel sujet de société lorsque l'on réalise qu'il peut concerner chacun d'entre nous. A titre informatif, on parle d'une personne à mobilité réduite aussi bien pour une femme enceinte, un parent avec une poussette, un ado qui s'est foulé la cheville, une personne âgée, handicapée ou malvoyante... Il s’agit tout simplement d’un individu ayant des difficultés à se mouvoir de manière temporaire ou définitive. Et pourtant nos villes ne sont pas toujours praticables pour ces personnes. 

Une autre surprise fut QUCIT, un vrai coup de coeur pour moi. Cette startup base son business model sur la data. Cependant, la technologie ne remplace pas la relation humaine. Le driver / moto de QUCIT est de mettre la data et l’IA au service du bien-être du citoyen. Concrètement, elle collecte et cartographie les comportements humains en prenant en compte tous les facteurs contextuels influençant ces comportements (géolocalisation, temporalité, …). Les modélisations de ces données permettent d’améliorer les services et d’identifier de réels difficultés dans l’expérience urbaine : pour l’optimisation des vélos en libre service ; pour l’amélioration du confort des espaces publics ou privés ; pour rendre intelligent le stationnement ; et enfin renforcer la sécurité routière.

Bien que la course à la data soit au centre des préoccupations, parmi les startup présentées plusieurs proposent des solutions alternatives pour faire évoluer nos usages et nous responsabiliser. En effet, notre planète est à mal. Il nous faut changer nos habitudes individuellement mais aussi en communauté. Cela passe par repenser nos interactions, notre consommation, nos déplacements, et notre gestion des déchets (entre autres).  C’est ce que propose LOVEYOURWASTE qui transforme les bio-déchets des entreprises en énergie. Tout aussi engagée dans cette lutte contre le gaspillage, TOOGOODTOGO et PEPINO donnent une 2ème chance aux produits périssables. Via une application des commerçants vendent leurs produits en fin de vie à moindre coût. TOOGOODTOGO a complété son engagement pour l’environnement en incluant dans son service une dimension sociale nous permettant de faire donation de notre achat à un sans-abris.

Dans l’ensemble, cette Masterclass nous a apporté de bonnes nouvelles concernant l’évolution de nos villes pour assurer bien-être et durabilité. Cependant, un grand nombre de startups présentées (et non citées dans cet article) sont centrées sur la Data et la Tech. L’enjeux premier serait de développer de nouvelles solutions numériques, d’innover et de faire mieux que son voisin. Face à ce constat, j’ai eu le sentiment que les startups se développent côte à côte, en parallèle et non ensemble pour un objectif commun. Leurs offres numériques semblent se détourner des utilisateurs premiers des Smart Cities, les citoyens, pour se tourner vers des prouesses technologiques. Avec cette course à l’innovation technologique, on voit apparaître des solutions digitales qui s'immiscent dans notre quotidien, collectent de la data et la revendent. 

D’ailleurs, je souhaite remercier les intervenants de cette Masterclass qui ont rappelé la définition de “Smart Cities” : villes au service des habitants. Ces villes sont imaginées vivables et mobiles proposant des moyens de transport rapides, faciles et agréables. Elles se doivent d’être résilientes et citoyennes en permettant une réappropriation de l’espace urbain par les citoyens. Enfin, les “Smart Cities” sont frugales à savoir agréables à vivre et consommant le moins de ressources naturelles possibles. Cette définition ne sous entend pas qu’il faut enclencher une course à la Data et à l’innovation Technologique. Le Low Tech a toute sa place ici également. 

Cette conférence m’a poussé à me poser des questions sur les effets de cette course vers une croissance continue et exponentielle. Certes, elle nous permet de vivre dans un monde de confort, où tout semble possible, du moins en occident. Cependant, ne sommes-nous pas témoins d’une époque où les relations deviennent virtuelles ? Où les liens sociaux et culturels s’estompent ? Où notre droit à l’anonymat et l’intimité diminue ? Dans ce changement que vivent nos villes, on peut y voir une évolution de la société comme nous en avons connu tout au long de l’Histoire. Mais donnons-nous réellement des chances d’adaptation à cette nouvelle société à tous les citoyens ? Cette course n’oublie-t-elle pas le pan social et citoyen de la Smart City ? Je ne peux m’empêcher de penser à la théorie d’évolution de Darwin “la survie du plus apte . Il est évident qu’il y a une recherche constante chez les entrepreneures d’innovation disruptive. Depuis la sortie de l’iPhone par Apple, égoïstement, on souhaite inventer LA solution que tout le monde connaîtra. Est-ce le plus SMART ? Oui, l’innovation est indispensable pour l’économie mais l’innovation à quel prix ? l’impact environnemental et social est-il mesuré ? Je me fait moins de soucis pour le pan économique.

De plus, je ne peux m'empêcher de constater la quasi absence d’un acteur fondamental quand il s’agit des questions concernant les villes et la citoyenneté : l'administration Publique. Dans un pays comme la France, la notion de Service Public est importante : trop pour certains, pas assez pour d’autres. Pourtant, il semblerait que cet acteur soit mis de côté ou se met de côté lorsqu’il s’agit de définir les villes de demain. C’est aussi ce que pointe du doigt Mathieu SAUJOT, directeur du programme transitions numériques et écologiques à l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri) et de Thierry MARCOU, directeur du programme sujets urbains à la Fondation Internet nouvelle génération  : “de nombreux acteurs développent des offres principalement en marge des services publics de transport”.

Okay, Paris est un nid d’innovations, je dirais plutôt de bulles d’innovations qui s’entre-choquent. Quand une innovation n’est plus rentable, elle est remplacée par une autre. Le passé, le présent est remplacé par du nouveau. Des acteurs émergent puis disparaissent. Le Service Public est-il lui aussi voué à disparaître ? Nos innovations ne seraient-elles pas plus viables et durables si elles prenaient en compte l’existant, non pas pour combler un trou, mais pour l’améliorer et le compléter ? Quid de la transformation des politiques publiques ? Quand arrivera-t-elle à suivre notre capacité d’innover ? 

Il y a bien 2 mondes qui évoluent en parallèle : l’un plus rapidement que l’autre.  Pourtant des villes d’innovation comme Nantes nous prouvent qu’une autre dynamique est possible. Là bas, l’innovation est portée par la ville. L’écosystème est fédéré par celle-ci ou des regroupements de startups permettant une entraide chez les différents acteurs et un partage d’objectifs communs. Il y a un réel désir de partager une vision holistique avec et pour les citoyens. À Paris, IMPULSE PARTNERS tente également de créer un écosystème conséquent en proposant des mises en relations entre startups et grands groupes. Cela permet aux innovations de profiter d’un environnement économique et d’expertises plus stables tout en ayant accès à la créativité et l’agilité des startups. 

Encore une fois, concernant l’évolution de nos villes je ne peux que m’émerveiller devant la créativité de l’être Humain. Cependant, nous avons encore du chemin à faire pour réellement développer des Smart Cities tel que définies plus haut. En effet, le citoyen n’est pas un acteur dans ce changement, il est spectateur. La durabilité des solutions développées est aussi à remettre en question. Si une vision holistique n’est pas partagée, si l’écosystème n’est pas soudé, intuitivement,  je dirais que les innovations produites ne peuvent persister. C’est un ensemble que briques soudées entre elles qui permettent de faire perdurer une architecture dans le temps.

Au-delà de la pérennité, cet élan d’innovation génère un débat sans fin sur l’éthique surtout avec l’omniprésence de la digitalisation et de la data. Nos villes deviennent le terrain d’une course à l’innovation digitale coûte que coûte, pour le meilleur et pour le pire.

Et vous, qu’en pensez-vous ?


Amandine Guegano — Service Designer @ Use Design


Sources :

 « Le concept de “Smart City” n’est plus opérant », Le Monde, 25 avril 2018, propos recueillis par Laetitia Van Eeckhout, https://www.lemonde.fr/smart-cities/article/2018/04/25/le-concept-de-smart-city-n-est-plus-operant_5290389_4811534.html

“Trottinettes électriques: pour les «juicers», des clopinettes en batterie”, Libération, 10 mai 2019, par Gurvan Kristanadjaja
https://www.liberation.fr/france/2019/05/10/trottinettes-electriques-pour-les-juicers-des-clopinettes-en-batterie_1726187 [/vc_column_text][/vc_column][/vc_row]

Agence de design UX/UI/Product à Paris, accompagne les créateurs de produits digitaux qui facilitent la vie professionnelle depuis 2002

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