Design Fiction : quid du parcours utilisateur et de l'UX dans les films ainsi que de l'impact du cinéma sur l'expérience spectateur/utilisateur ? Dans le domaine de l’innovation, on sait à quel point la science fiction (en littérature et au cinéma) a pu et peut encore fortement inspirer les créateurs et fondateurs de startups. Le Design Fiction est même en passe de devenir une pratique privilégiée quand on souhaite se projeter sur une vision, un imaginaire lointain. La série Black Mirror en est une bonne concrétisation quant à sa capacité à rendre tangibles ces bien tristes scénarios de nos probables futurs. A l’opposé de cette vision lugubre, je vous invite à découvrir, et participer, aux ateliers de Bright Mirror imaginés par l’agence Bluenove, afin de prendre le contre-pied et de co-imaginer un futur lumineux.
Cet article sur l'UX dans les films et les pratiques design dans le cinéma, les séries et le docu-fiction vous est proposé par l'agence Use.Design spécialisée dans l'UX/UI Design et l'optimisation du parcours utilisateur d'une application mobile/web ou d'un logiciel SaaS.
Le design dans la fiction
Avant de concevoir du design fiction en découvrant notre futur, empli de désespoir ou d’idéal, des films, séries, ou docu-fiction, les réalisateurs de cinéma ou de séries ne pourraient-ils pas, en nous offrant un regard, une mémoire sur le passé, nous proposer des témoignages sur les bonnes ou mauvaises pratiques de la création et des méthodologies du design au cinéma et à la télévision ?
Et bien, oui 🙂 nous vous en avons déniché quelques uns.es, qui ont pour chacun.e l’intérêt de nous dévoiler un volet, un point de vue particulier...
Film - Le Fondateur, ou le prototypage rapide
Ce film, parfait exemple du design fiction, raconte une partie de l’histoire de la marque Mc Donald. elle se concentre sur la relation entre les 2 créateurs, les frères Richard « Dick » et Maurice « Mac » McDonald, et le fondateur, Raymond « Ray » Kroc, qui va en faire le modèle de succès de business que l’on connaît.
Parfait exemple de l'UX dans les films, une des découvertes de cette oeuvre de fiction inspirée d'une histoire réelle est le travail de prototypage des 2 frères, tel un prototype UX design dansle cinéma, pour imaginer le fonctionnement parfait de leur restaurant de Burgers. En effet, au lieu de faire un plan et d’imaginer un process, ils vont louer un terrain de Tennis, pour y simuler à l’échelle 1, l’organisation des différentes activités, et le fonctionnement complet de la cuisine.
C’est donc la preuve d’une conception centrée utilisateur, itérative et co-créative !
Série - Mind Hunter, ou la définition de Personas
Si le thème des tueurs en série ne vous fait par peur, voir au contraire vous intéresse (sic), voici une excellente série, tirée de 2 livres des principaux protagonistes, qui va vous plonger dans la genèse de la compréhension des Serial Killers par le FBI à la fin des années 70 et début des années 80.
Chose étonnante dans la série, plusieurs scènes peuvent être reliées aux pratique du design centré humain/utilisateur, et de l’idée même de la démarche : si vous voulez arrêter ce type de meurtriers, il faut :
- aller sur le terrain, comprendre le passé pour mieux comprendre le futur ;
- multiplier les interviews avec les différents détenus, afin de trouver les traits communs ;
- prendre des chemins détournés, et faire des écarts, car chaque rencontre est différentes et peut mener à l’idée ou la compréhension soudaine de nouveaux concepts clefs ;
- et enfin, faire le tri des informations, sous forme de cartes, afin de classifier les différents profils de meurtriers en série. Ou en d’autres termes, définir des Personas !
On vous laisse juge du critère principal de cette méthode de design centré humain/utilisateur : faire preuve d’empathie 😉
Le design dans le docu-fiction : Gutenberg, l'aventure de l'imprimerie, ou la première startup de l’histoire ?
Si on parle souvent de l'UX dans les films ou les séries, n'oublions pas les documentaires qui ne sont pas en manque d'exemples de design fiction réussis. Dans ce documentaire, de très belle facture et riche d’enseignements sur l’histoire de l’invention de l’imprimerie, on prend le prétexte de la découverte de la vie (mouvementée et mystérieuse) de Gutenberg, pour plonger dans l’aventure… d’une start-up !
En effet, tout est réuni : l’idée, les financeurs, le marché, les innovations technologiques (très nombreuses), et bien sûr la dimension design avec les prototypes, le temps interminable de tests et d’itérations, l’invention typographique...
Selon moi, la leçon à retenir de de docu-fiction de très bonne facture, est que la start-up de Gutenberg est un parfait échec commercial ! En effet, même si son invention va révolutionner le monde, en son temps, elle ne lui aura rien rapporté.
Série - Silicon Valley, ou les tests utilisateurs
Vous avez toujours voulu découvrir la face cachée d’une startup de la Silicon Valley ? Et bien cette série est faite pour vous 😉 Vous y trouverez de nombreux exemples, à suivre ou plutôt à ne pas suivre, d’une parfaite démarche produit/design.
Et dans ce genre “mauvaise pratique”, je vous suggère cet extrait d’une évaluation de groupe, où le fondateur tente désespérément de convaincre son panel de la qualité de son interface.
Merci à Hugues Randriatsoa pour le partage.
L'UX dans les films : Sully, ou le facteur humain pour le meilleur - (spoiler)
⚠️ Attention, même si c'est un sujet qui est passé dans l'actualité, si tu n'as pas vu le film, ne lis pas ce qui suit ⚠️
Rares sont les films qui racontent la réussite d’un sauvetage de crash aérien avec le point de vue de l’équipage. Hors c’est le cas ici, dans cette folle histoire du vol 1549 US Airways qui a atterri dans (ou plutôt sur) l’Hudson à New-York City en janvier 2009.
Dans ce film de 2016, Clint Eastwood, via l’excellent acteur Tom Hanks, nous présente l'enquête dans le détail, et les doutes du Pilote et de son copilote, qui semblent les mener à leur mise en accusation…
Avant le rebondissement final, dans lequel Tom Hanks qui campe le pilote héros Chesley « Sully » Sullenberger, parvient à démontrer à tous ses accusateurs qu’ils avaient juste oublié de tenir compte d’un facteur dans leur simulation de crash - qui selon eux était évitable - : le facteur humain !
L'UX dans les films : Tchernobyl, ou le facteur humain pour le pire - (garanti sans spoiler)
Récemment la chaine de télévision M6 a rediffusé l'excellente mini-série sur la catastrophe de Tchernobyl, catastrophe nucléaire qui est survenue en Ukraine le 26 avril 1986.
Contrairement à l'exemple précédent dans le film Sully, ici bien c'est le facteur humain qui a causé la catastrophe. Je ne parlerai pas du volet politique, mais d'un aspect qui est présenté dans les premiers épisodes : le manque, quasi l'absence, de confiance de l'utilisateur envers le système et les informations qu'il présente…
Le responsable de la salle - contrairement à ses collègues - refuse la réalité. Il ne peut imaginer ce qui est en train de se produire. "Ce type de réacteur RBMK ne peut exploser, ce n'est pas possible !". Le responsable refuse toutes les informations que lui présente la technique (les consoles), l'humain (ses collègues), et ses propres sens (l'ouïe, le mouvement...). Tout son corps est convaincu de l'impossible, et rien ne pourra le construire, jusqu'à la catastrophe. La question que je me pose, c'est si les concepteurs avaient envisagé ce comportement ? Doit-on justement en tant que concepteurs d'IHM/interfaces, se donner comme critère la confiance de l'utilisateur aux informations qu'on lui présente ?
A l'heure de la révolution annoncée des Intelligences Artificielles d'un côté, des fake-news ou des dark-pattern de l'autre, je pense que ce sera une question à se poser demain comme concepteur, voir LA question principale...